Une journée de débats du club « Maintenant à gauche » a
permis de faire le point sur le projet de force commune antilibérale. La
bataille contre le nouveau traité européen pourrait être un de ses premiers
axes.
Quelle « nouvelle force politique pour porter le
projet d’une gauche de transformation sociale » ? La question était au coeur
de la journée de débat organisée le 24 novembre par le club « Maintenant à
gauche » www.maintenantagauche.org au Caveau
de la République à Paris. Sur ce sujet, le club, qui s’est précisément donné
pour objectif d’« agir en faveur du rassemblement des forces
antilibérales à gauche, dans la perspective d’une nouvelle force
politique », a réussi à attirer des militants syndicalistes et associatifs
ainsi que des hommes et des femmes issus de toutes les organisations politiques
de gauche.
La question n’en reste pas moins épineuse tant la possibilité d’un
rassemblement est devenue plus que ténue après l’échec, né des divisions
boutiquières des partis, d’une candidature unitaire antilibérale à la
présidentielle et la défaite de la gauche dans son ensemble lors de cette même
élection.
Un bon point pour le club : les organisateurs sont parvenus à
remplir la salle, et les intervenants, invités en surnombre par peur des
désistements, étaient tous présents. L’« offensive libérale »
de Nicolas Sarkozy, « les mouvements sociaux de ces dernières
semaines » et « le social-libéralisme du PS », selon le
constat de tous les participants, sont peut-être les raisons de « l’urgence à enclencher le processus d’une nouvelle force
politique », soulignée par Marc Dolez et ressentie par l’ensemble des
acteurs et des sympathisants de gauche présents. Les interventions des
politiques, en fin de journée, n’ont d’ailleurs pas manqué de lyrisme pour
tenter de faire renaître l’enthousiasme de l’union et d’en appeler à
l’organisation d’états généraux de toutes les forces de transformation sociale
en 2008, en plaçant le « projet alternatif » au coeur des
débats.
Cependant, comme l’a expliqué Pierre Khalfa, militant de SUD et
altermondialiste : « Toutes les conditions du rassemblement
étaient réunies après la victoire du 29 mai 2005 et du "non" au projet de traité
constitutionnel européen. Mais l’affaire a été sabotée pour des raisons de
sectarisme politique. Nous sommes toujours dans cette situation, et je ne vois
pas comment la dépasser. Peut-être faudra-t-il beaucoup de temps pour
reconstruire une nouvelle gauche. Voire attendre de nouvelles générations. »
Une remarque non dénuée de fondement au vu de la moyenne d’âge de l’assistance
et des intervenants. Toutefois, le pessimisme de l’intervention est-il
justifié ?
Malgré la bonne volonté des participants et des discours plus
optimistes, les germes de la division sont encore saillants. Pour le
représentant de la LCR, Yvan Lemaitre, « la nouvelle force doit
être clairement en rupture. Il ne doit pas y avoir d’ambiguïté. Nous ne sommes
pas pour un accord avec ceux qui légitiment les réformes de Sarkozy ».
L’attaque est clairement dirigée contre le PS, dont tous les participants
dénoncent « la politique d’accompagnement du libéralisme ».
Mais, par son insistance, elle rappelle la raison mise opportunément en avant
par le parti d’Olivier Besançenot pour se retirer du processus de désignation
d’un candidat unique à la présidentielle. Forte de son résultat à l’élection, la
LCR prétend d’ailleurs incarner cette nouvelle force de rassemblement
antilibéral. La réponse de Jacques Généreux, du Parti socialiste, est claire
elle aussi : « Le nouveau parti ne doit pas être un parti à la
gauche de la gauche mais un rassemblement. »
Finalement, la surprise est venue de Marie-Pierre Vieu, pourtant
proche de Robert Hue et membre d’un PCF qui avait tenté de récupérer pour son
compte la démarche des collectifs unitaires : « En tant que
militants communistes, nous sommes attachés à la structure du PC. Mais cette
forme n’est peut-être qu’historique, et l’idée du communisme peut survivre sous
une autre forme. »
Cependant cette nouvelle forme n’apparaîtra pas par génération
spontanée mais « au bout d’un processus », explique Jean-Luc
Mélenchon, qui revendique un « optimisme de l’action ». « Aucune étape ne doit être méprisée. Assez parlé, il faut
agir », exhorte-t-il, en rappelant que la bataille contre le nouveau traité
européen est justement « une des occasions » de cette
construction en commun.
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