L'historique
L'association Front de Gauche du Pays de Morlaix compte 65 adhérents et une centaine de sympathisants.
Ses adhérents viennent de 8 ou 9 communes distantes de Morlaix (15 500 habitants pour la ville centre, 66000 pour la communauté d'agglo) de - 30 km: Plouigneau, Plourin, Pleyber-Christ, Plounéour-Ménez, Lanmeur, Plougoulm, Roscoff, …. 65% environ des adhérents sont morlaisiens.
L'association FDG pays de Morlaix est née en décembre 2012 sur la base d'une réflexion collective de 2 mois environ sur le fonctionnement et les statuts.
Le collectif citoyen du Front de Gauche existait déjà depuis le lancement en 2011 de la campagne des Législatives et des Présidentielles de 2012.
Son noyau divers et pluraliste, représentant presque l'ensemble des forces du FDG, avec des militants du PCF, du Parti de Gauche, de la Gauche Unitaire, des militants du Comité Chômeurs et Solidaires de Morlaix, de la Ligue des Droits de l'Homme, d'Attac, travaillant ensemble en très bonne entente, a été créé lors de la campagne des Régionales de 2010, à l'occasion de laquelle les militants de la section PCF du pays de Morlaix avaient été 75% à vouloir d'une liste Front Breton de Gauche menée par Gérard Péron (maire d'Hennebont) plutôt que d'une liste PS – PCF – UDB - Verts débauchés par Jean-Luc Le Drian. Le Front de Gauche localement a continué à vivre et à se structurer à l'occasion des cantonales de 2011, où toutes les composantes du FDG avec fait campagne ensemble dans le canton de St Thégonnec pour la campagne de Daniel Ravasio et Maryse Berthou. C'est en 2011 qu'ont eu lieu les premières réunions publiques du Front de Gauche sur le territoire.
Lors des présidentielles et des législatives de 2012, où le Front de Gauche Morlaix a mené une campagne extrêmement dynamique (porte-à-porte systématique à Morlaix, présence sur les marchés, assemblées citoyennes et réunions publiques avec des responsables nationaux de toutes les composantes du FDG : Marie-George Buffet, François Longérinas, Gérard Ashiéri, Pierre Zarka, …).
Le Front de Gauche a recueilli 15,5% des voix exprimées à Morlaix aux présidentielles, 12% dans la circonscription, beaucoup plus que les voix cumulées de la gauche de transformation sociale auparavant. Aux législatives, où deux jeunes candidats étaient présentés, Ismaël Dupont (32 ans, PCF) et Marie Huon (22 ans, non cartée), 8,6% à Morlaix et 5,7% dans la circonscription. L'érosion des voix aux législatives s'expliquait par l'ampleur de l'abstention, la prime au gagnant des présidentielles, la concentration sur le match entre Marylise Lebranchu, une institution locale, et Agnès Le Brun, maire UMP de Morlaix, parlementaire européen et chef de l'UMP du Finistère à l'époque.
Au sortir de cette campagne très satisfaisante sur un plan humain où une centaine de personnes environ ont pu militer de manière souvent innovante, le collectif citoyen du Front de Gauche représente la principale force militante sur Morlaix et sa région.
Ses réunions internes sont suivi régulièrement par 30 à 40 personnes. Elles sont publiques, avec annonce dans la presse, et nouvelles venues d'individus à chaque fois, fonctionnant sur le principe participatif et démocratique des assemblées citoyennes. Dans ce collectif qui se réunit au local du PCF, il y a une majorité de militants sans appartenance partisane, avec aujourd'hui entre 10 et 15 communistes régulièrement investis dans le FDG, 5 PG, 7 militants d'Ensemble.
En octobre 2012, nous avons organisé des Rencontres du Front de Gauche pays de Morlaix suivies par 150 personnes environ, où nous avions invité des syndicalistes, des militants associatifs, des représentants d'autres partis de gauche. C'est à ce moment que nous avons décidé de la création de l'association et que nous avons commencé à réfléchir sur ses règles de fonctionnement.
Pourquoi une association?
La création de l'association était la concrétisation de notre manière de fonctionner et un des outils de notre objectif commun: réconcilier les citoyens avec la politique en faisant du Front de Gauche un moyen de rassemblement des citoyens au service de leurs intérêts. L'association était là pour :
-avoir un fonctionnement constant et durable en dehors des campagnes électorale
-accorder une véritable reconnaissance et une souveraineté de plein droit aux militants et sympathisants du Front de Gauche qui ne sont pas dans les partis qui composent le rassemblement (60% environ de notre groupe).
- expérimenter à l'échelle locale ce que nous aimerions voir appliquer sur le plan national et montrer qu'il était possible de faire évoluer le Front de Gauche dans un sens citoyen dépassant le cartel d'organisation à finalité électorale.
- avoir des finances autonomes et un budget pour mener nos campagnes politiques et d'éducation populaire en dehors des périodes électorales.
La création de cette association s'inscrivait dans un contexte de structuration citoyenne du Front de Gauche en Finistère en collectifs locaux et associations. Il y en a aujourd'hui 7 ou 8 dans le département, fonctionnant plus ou moins bien. Elles se retrouvent via leurs représentants et ceux des partis politiques dans une Coordination départementale du Front de Gauche qui a pour but de partager les informations, de coordonner les initiatives, de servir le dialogue et l'avancée en commun à l'intérieur du Front de Gauche.
Notre association se veut aussi rassembleuse que possible, ce qui implique une organisation souple et non bureaucratique, une ouverture constante aux non adhérents, une cotisation plancher peu élevée (20€ par an) avec possibilité de donner plus en fonction d'une grille indicative. Toutes les décisions d'orientation se prennent en AG selon le principe « un homme, une voix » , et le bureau, sans composition fixe et ouvert à tous, ne sert qu'à veiller à l'exécution de ces orientations et à régler les affaires courantes et les questions d'urgence.
Notre fonctionnement privilégie la démocratie participative et les décisions prises au consensus, en différant si besoin la décision ou la prise de position collective afin d'en reparler et de trouver une solution de compromis plutôt que d'organiser un vote.
Pourquoi ça marche?
Il y a depuis le début de l'aventure un climat de confiance entre gens.
Nous n'avons pas fonctionné avec trop d'idées préconçues sur les identités politiques des uns et des autres.
Nous n'avons jamais fonctionné dans un esprit de clans ou de courants entre militants des différentes composantes et citoyens.
On peut s'appuyer sur le programme « L'humain d'abord » et ses valeurs comme base commune qui nous rassemble tous.
Nous n'avons pas évité des débats difficiles sur des questions et des luttes locales vis à vis desquelles toutes les composantes n'avaient pas la même analyse a priori sur le plan national (énergie, centrale à gaz de Landivisiau, Notre-Dame des Landes, rapport à l'identité régionale): notre capacité à trouver des positions faisant consensus à partir de débats ouverts, préparés et approfondis, nous a renforcé.
Aucun sujet n'est tabou: si nos militants n'ont pas d'accord, s'ils veulent se donner le temps de la réflexion et de l'information pour se faire un avis, on attend pour prendre des orientations. Dans la mesure du possible, on recherche à favoriser le consensus et à éviter les votes clivants.
Notre association a deux co-présidents élus il y a 2 ans et renouvelables dans 2 mois, Ismaël Dupont et Michèle Abramovicz, et deux co-trésoriers, Christian Corre et Constance Adigard. Elle se réunit en AG tous les mois: entre 20 et 40 personnes y assistent en moyenne. Elle organise par ailleurs des réunions de bureau ponctuelle, et des réunions thématiques très nombreuses.
Nous avons un journal trimestriel depuis 2013: 4 numéros sont déjà sortis, tirés à 500 exemplaires et vendus 50 centimes d'euros. Nous avons aussi deux blogs, une page Facebook et Twitter..
A côté des traditionnels porte-à-portes et distributions de tracts, nous expérimentons plusieurs modes d'action militants plus originaux: journée porteurs de parole en ville et dans les quartiers, après-midi goûters et chansons, musique dans les quartiers journées Front de Gauche avec concerts, repas, pièces de théâtre, causeries politiques dans les bars, édition de cartes postales et pin's militants. Nous sommes très impliqués et souvent moteurs dans beaucoup les mobilisations unitaires (défense de la Poste et des services publics, de l'emploi dans l'agro-alimentaire, Pacte Budgétaire Européen, Retraites, ANI, Grand marché transatlantique, lutte contre l'extrême-droite, pour le respect du droit en Palestine).
La campagne des municipales nous a beaucoup occupé, 8 à 9 mois avant les échéances pour bâtir un projet et des orientations en commun concernant toute la communauté d'agglomération afin de veiller à la cohérence des orientations de nos candidats et de et nos élus, et à la conditionnalité du soutien du FDG à des listes de rassemblement.
Aux municipales, nous avons partout réfléchi d'abord dans le cadre du Front de Gauche.
A Morlaix (15500 habitants), à Plouigneau (5000 h ), à Plouégat-Guérand (1000 h) -avec les Verts, nous avions des listes indépendantes du FDG aux municipales de mars 2014, face à la droite et au PS et ses alliés: nous avons réalisé le score de 15,5% à Morlaix après une campagne très longue, riche, et dynamique (notre score était 2 fois plus élevé que celui du FN), 11% à Plouigneau, 22% à Plouégat-Guérand. A Morlaix et à Plouigneau, nous avons effectué un rassemblement au second tour avec la liste PS et à chaque fois nous avons été battu d'un cheveu dans un contexte national qu'on connait.
A Plourin (5000 h), Pleyber-Christ, Plounéour-Menez, nous avions des candidats FDG sur des listes d'union de la gauche, les conditions n'étant pas réunies pour avoir des listes autonomes.
Au total, sur le pays de Morlaix, nous avons 4 élus dans des majorités, 6 élus dans des oppositions, 1 seul élu (sur 54) à la communauté d'agglomération. Mais ces élections ont donné une grande visibilité au Front de Gauche et permis de faire campagne sur nos orientations, déclinées en fonction des problèmes locaux.
Ces municipales ont aussi permis de faire venir à nous de nouveaux militants, pour beaucoup sans passé d'engagement politique, ce qui nous permet d'expérimenter de nouvelles idées d'actions et de mobilisations.
Aux européennes de mai 2014, le FDG a réalisé à Morlaix un résultat supérieur au résultat régional et national, même s'il nous déçoit: 8,9% (contre 4,9% aux européennes de 2009).
Nos défis aujourd'hui:
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Réussir à trouver une formule de réunions qui permettent de débattre, de construire des actions et des interventions, de faire de l'éducation populaire, tout en intégrant et satisfaisant des militants qui ont des cultures d'origine et un rapport à la politique très différents. Réussir à donner la parole à chacun, à intégrer chacun.
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Décentraliser davantage nos actions et notre engagement militant.
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Continuer à travailler au plus près des gens dans les quartiers en dehors des périodes électorales pour ne pas perdre le bénéfice du crédit que nous avons déjà obtenu et faire contrepoids à la montée de l'écœurement et des intentions de vote FN.
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Travailler les techniques de l'éducation populaire afin de toucher des nouvelles catégories de population.
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Peser pour que le Front de Gauche dans le Finistère ait des orientations électorales cohérentes et que tous les partis le laissent se développer localement sur un mode ouvert et citoyen.
Nos demandes sur le plan national:
Faire en sorte que, sous des modalités convenant à chaque histoire locale et à aux acteurs, des collectifs citoyens du Front de Gauche se développent dans tous les territoires en France.
Il ne faut pas bloquer l'ouverture aux citoyens pour préserver des intérêts d'élus ou des intérêts de boutique à courte vue: le moment que nous traversons est trop dangereux, les défis que nous avons à surmonter sont trop immenses pour ne pas être à la hauteur de la nécessaire reconstruction d'une vraie gauche populaire dans ce pays, anti-libérale et anti-capitaliste, afin d'offrir une alternative à la brutalisation de notre société par le libéralisme et la finance, à la droitisation du champ politique, à l'abstention et au vote FN.
Nous voulons que les orientations nationales et régionales soient définies aussi par les collectifs citoyens du Front de Gauche et pas seulement par les directions des composantes du FDG au niveau des partis.
Si le Front de Gauche doit se renforcer et se développer, c'est en cessant d'être seulement un cartel d'organisation, une entente électorale renouvelée ponctuellement avec un programme de compromis travaillé par les directions politiques. Les propositions doivent pouvoir venir d'en bas, la discussion sur les orientations, les stratégies, les candidats aussi.
Les collectifs locaux doivent être représentées au niveau national et émettre des recommandations, formuler des attentes, pris en compte par les partis. Le Front de Gauche doit prendre en compte la légitimité de l'engagement militant des "non-encartés" à la base.
Il doit devenir autre chose qu'une étiquette électorale: le creuset d'une repolitisation de nos concitoyens, d'un renforcement de nos capacités d'action collective pour lutter au quotidien pour le changement politique, social et écologique dont le programme (qui doit continué à être travaillé collectivement) L'Humain d'abord a montré la voie.