Une page semblait tournée et les reproches véhéments formulés par les militants au cours du déroulement du 50e congrès de la CGT, comme les gestes de dénonciation des camarades de Lille à l’encontre des dirigeants de la CFDT parfaitement justifiés.
La CGT reprenait sa capacité d’initiative autonome comme dans la bataille pour l’amnistie des militants syndicaux.
Or depuis les gestes de la direction confédérale de la CGT et de Thierry Lepaon se multiplient en direction des dirigeants de la CFDT et de Laurent Berger le nouveau secrétaire général :
- en avril participation commune aux journées de Nantes organisées par le "Nouvel Observateur" avec échange d’amabilités
- après ce débat qualifié "d’apaisé", le mercredi 15 mai, devant le club Réalités du dialogue social (RDS), qui réunit des syndicalistes et des patrons Laurent Berger "a donc annoncé qu'il allait rompre le pain avec son homologue de la CGT " et " a fait savoir qu'il ne communiquerait pas sur ce déjeuner" prévu le 17 mai. Au débat à RDS assistaient Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, Pascal Pavageau, membre du bureau confédéral de FO , et Maurad Rabhi, secrétaire général de la Fédération textile habillement de la CGT
- le 17 mai déjeuner donc au siège de la CFDT
Et que se dit-il au cours de ces rencontres dont il n’est pas rendu compte aux militants ? :
que "Ce n'est pas grave d'être en désaccord" (T. Lepaon)
"Assumons des divergences qui ne sont pas des guerres de religions", (L. Berger)
Le secrétaire général de la CFDT voudrait que les syndicats ne se retrouvent pas seulement pour s'opposer mais pour proposer ensemble.
Et qu’il convient donc de préparer ensemble la prochaine conférence sociale des 20 et 21 juin prochain.
En un mot les divergences sont minimisées pour justifier la poursuite des pratiques du syndicalisme de sommet et de connivence, en oubliant que la direction de la CFDT:
- a déjà trahit la lutte des travailleurs contre la réforme des retraites en 2003 du temps de N. Notat
- qu’en 2010 elle s’est évertué à empêcher une extension du mouvement
- qu’elle préconise à l’opposé de l’essentiel de l’histoire du syndicalisme français le dialogue social entre partenaires sociaux faisant la part belle aux exigences du patronat comme on a pu le constater avec l’accord sur la flexibilité de l’emploi !
- qu’elle s’empresse de condamner les luttes difficiles auxquels les travailleurs sont contraints comme on a pu le constater récemment avec les Goodyear ou avec PSA
- que ses principaux dirigeants sont à intervalle régulier reclassés à la tête d’entreprises privées (N. Notat, E. Maire, J. Kaspar) ou nommés à des postes de hautes responsabilités dans des organismes publics sur injonction politique ( F. Chérèque en conseil des ministres) pour service rendu n’est-ce pas ?
Dans ces conditions revenir aux compromissions du syndicalisme rassemblé c’est nuire à l’ampleur, au niveau et au contenu des luttes qui se déroulent et qui se préparent en réponse aux agressions dont les travailleurs sont l’objet.
Comment par exemple construire le grand mouvement indispensable contre la nouvelle réforme réactionnaire des retraites qui se prépare d’ici l’automne avec la CFDT qui se prononce pour une réforme de fond à la sauce MEDEF et dans l’immédiat pour l’allongement de la durée de cotisation ?
Ces divergences ne doivent pas être masquées au nom du "syndicalisme rassemblé " et à l’inverse les travailleurs largement informés afin d’être les acteurs décisifs des luttes à venir !
Le recul social ça ne se négocie pas, ça se combat!
Dans sa dernière conférence de presse François Hollande, en matière de retraite a défini l’orientation : "Quand on vit plus longtemps, on doit travailler un peu plus longtemps" souscrivant là aussi aux exigences du MEDEF et des forces réactionnaires.
A quoi bon donc donner l’illusion qu’une négociation doit avoir lieu et qu’il faut la préparer unitairement avec la CFDT ?
C’est qu’en fait l’appartenance commune à la CES commande de s’entendre pour accompagner la crise du système sans que les travailleurs puissent remettre réellement en cause ni les politiques d’austérité appliquées, ni le système qui les promeut.
En matière de retraites l’Union européenne prône la capitalisation, les réformes successives y conduisant immanquablement si n’y était mis un terme et la mise en œuvre de tout autres orientations.
En vrai, dans le combat qui s’engage, c’est le rapport de force avec le pouvoir, le MEDEF et les forces réactionnaires et du consensus austéritaire qui sera déterminant !
Il n’y a rien à attendre de la conférence sociale de la fin juin comme il n’y avait rien à attendre de l’entrevue Thibault/Ayrault avant le vote de la loi concernant la flexibilité du travail contrairement à ce qu’avait prétendu Bernard Thibault.
Et c’est Henri Krasucki qui avait raison en affirmant "Le recul social ça ne se négocie pas, ça se combat ! " et en citant Nehru dans un de ces ouvrages qui face aux occupants anglais disait :" Combien pesez-vous ? Cela seul compte : la force que vous représentez. "
La voie de la résistance et de la nécessaire contre-offensive ce n’est pas celle de l’unité au sommet sur un contenu de collaboration de classe mais la recherche de l’unité à la base dans les entreprises, dans les administrations, dans les universités, dans les régions sur des bases de classe et la recherche d’un rapport de forces propice aux travailleurs qui ne devra rien au dialogue social bidon !
Les forces du consensus sont à l’œuvre afin de faire accepter aux salariés les politiques d’austérité !
Il faut les combattre et exposer publiquement ce qui entrave la construction d’une authentique mobilisation pour que triomphent la véritable justice sociale et la lutte pour une politique alternative !
En ligne sur le site du FSC : http://www.frontsyndical-classe.org/article-en-finir-avec-le-syndicalisme-rassemble-et-les-illusions-sur-le-dialogue-social-117993313.html