, réchauffement de la planète qui nous « rapproche d’un cataclysme » majeur(Tanuro). Pour maintenir ou améliorer son taux de profit, le capitalisme a besoin de la montée des autoritarismes et n’a d’autre choix que de s’appuyer sur une logique productiviste et consumériste accrue, obtenue par la recherche insatiable de nouveaux marchés, l’exploitation salariale et les dominations, la dévastation de vastes espaces de la planète engendrant accroissement des inégalités, des migrations forcées, des violences et des conflits.
Selon un rapport de l’ONG Carbon Disclosure Project (CDP) réalisé en collaboration avec le Climate Accountability Institute, 70% des émissions de gaz à effet de serre sont le fait de seulement 100 grandes entreprises... presque exclusivement des industries pétrolières.
Les accords de libre-échange impliquent des transports détaxés longue distance pour permettre aux multinationales de faire leur marché sur toute la planète et récupérer des produits à bas coût de production monétaire, mais avec des méthodes catastrophiques sur le plan humain et écologique. En outre, ils permettent à ces multinationales d'imposer leurs normes et leurs lois au mépris de toute démocratie locale, régionale ou nationale.
Or, ces multinationales autoproclamées « investisseurs » utilisent un capital souvent issu de spoliations, d'exploitation du travail, de spéculation (LBO...) et sont de fait illégitimes et en déconnexion totale avec les réalités locales, sociales et écologiques. Elles alimentent les revenus déraisonnables des couches sociales les plus polluantes, qui détiennent le pouvoir, sont d'accord pour poursuivre le productivisme et pour faire financer une « pseudo transition écologique » par les couches populaires : ex la taxe carbone qui ignore le carburant des porte-conteneurs, des bateaux de croisière et le kérosène !
Face à cette dynamique destructrice grandit la conscience que « fin du monde et fin du mois(c’est le) même combat », se développe à des degrés divers une mobilisation internationale de la jeunesse qui vient prolonger les mobilisations altermondialistes, s’affermit la conviction qu’ « il faut changer le système, pas le climat » sans pour autant obtenir pour l’instant d’infléchissement, ni même de compromis avec la trajectoire d’un capitalisme de la catastrophe..
Dans cette situation des options nouvelles s’affirment comme celle de la décroissance qui défend des solutions écologistes radicales et remet en cause l’exploitation coloniale du Nord sur le Sud, la tendance à l’occidentalisation du monde par la déculturation des sociétés traditionnelles et critique le caractère progressiste de tout progrès technique. Mais ce recul préconisé de la production de richesses reste problématique sans précisions apportées sur les espaces de la planète où l’exercer (le « Nord » ?, le « Sud » ?), ni sur les types de productions à diminuer ou à stopper. Plus importante (au moins numériquement) est l’option du « green new deal » portée par une partie du mouvement altermondialiste et relayée sur le plan politique par des forces politiques diverses (sociales-démocrates, écologistes, dont des écologistes de gauche, des composantes de la gauche radicale américaine). Ainsi la gauche du parti démocrate états-unien en fait un élément essentiel de son orientation politique. Si l’idée d’une « nouvelle donne écologique » est positive, une majorité de versions proposées semble se situer dans le cadre du capitalisme et d’une transformation essentiellement menée par l’Etat qui piloterait une sorte de planification écologique.
Mais l’essentiel n’est pas dans telle ou telle formule. Au-delà des difficultés de mobilisation sur « la question climatique » dans tel ou tel pays (et en particulier en France), les affrontements ont bel et bien commencé et opposent « deux conceptions de la modernité : celle de la marchandisation et de la financiarisation d’un côté et celle du respect de la Nature et du développement des droits fondamentaux individuels et collectifs de l’autre….et Les mouvements sociaux et citoyens sont confrontés à la définition de leur stratégie et à la nature des bases sociales et des alliances »( G Massiah, Contretemps N°38). Sans préjuger des débats tactiques qui permettront de faire alliance en vue d’élargir le vaste front associatif, syndical et politique qui s’est formé face aux menaces portées par le capitalisme productiviste et consumériste, quelles options est-il possible d’avancer ?
Il nous semble essentiel de faire le choix de :
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l’alterdéveloppement en mettant l’accent de façon régulière sur trois questions essentielles : que produire et pourquoi ? Comment le produire ? Pour quelle répartition des richesses ?
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l’objection de croissance qui conteste le caractère incontournable de la croissance en tant que telle et questionne systématiquement le lien production de richesses-croissance-emploi. La croissance du PIB n'est pas corrélée à celle du bien vivre et la croissance infinie dans un monde fini est catastrophique et insoutenable
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La délibération démocratique, des débats dans lequel toutes et tous sont partie prenante, d’une appropriation et d’un contrôle citoyen et autogestionnaire sur les choix scientifiques, technologiques et productifs, ce qui suppose une socialisation effective de tous les secteurs productifs (au sens large), de l’énergie et de la finance.
Trois boussoles afin de toute urgence, d’inverser les priorités:
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Assurer un accès aux droits humains fondamentaux par des services publics rétablis, étendus, démocratisés où les agents et les usagers définissent les priorités.
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Assurer le sauvetage/rétablissement des écosystèmes
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Remplacer la logique comptable au service des actionnaires par la logique des biens communs à préserver et partager en remettant en avant la valeur d'usage !
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Remplacer le pouvoir d'achat par le pouvoir de vivre et de bien vivre.
Ce sont ces 3 boussoles qui peuvent aider un vaste bloc social et politique à promouvoir une politique de gauche sociale, écologique et démocratique qui pourrait s’appuyer sur les quelques grandes mesures suivantes:
1- Ré-orienter l’agriculture : le bio associé à l'agriculture paysanne soutenue par une recherche publique réorientée, une agriculture des terroirs vivants: où des paysans maîtres de leurs méthodes de travail cultivent des plantes, des produits variés, sains, goûteux et nutritifs et élèvent des animaux sélectionnés en fonction des terroirs. L’agrobusiness impose ses normes, maltraite les paysans (voir le nombre de suicides) et les salariés (cf taux de TMS et affaires Triskalia...).On sait faire autrement. Les solutions techniques existent et la nature offre énergie solaire, eau, azote, minéraux. L'énergie solaire et l'eau pour la photosynthèse, l'azote récupérable par les légumineuses, des éléments minéraux apportés par l'agroforesterie, les éléments organiques végétaux et animaux...
2- Les transports : un ralentissement s'impose !
Un secteur clé qui interagit avec les choix économiques, dominé par les valeurs capitalistes et viriles de vitesse, de performances. Les grands travaux souvent inutiles au service de la concurrence et de l'attractivité compétitive quand il faudrait ralentir, coopérer, ménager les hommes et les territoires...
Deux axes d'interventions :
Réduire les trajets : stopper l'étalement urbain, mettre fin à la création de zones d'activité, et aux zones logistiques qui explosent, remettre des commerces indépendants et des activités de production dans les centres et relocaliser les productions sur les friches industrielles pour réduire les importations et les exportations aussi inutiles que destructrices, mettre un moratoire sur les agrandissements des ports, aéroports, les voies liées au transport international à réduire la tendance au gigantisme des bateaux, des avions et des aménagements portuaires et aéroportuaires
Promouvoir les modes de transport les moins polluants: Réduire la place des voitures, des cars et des camions et favoriser les modes de transport les moins polluants.
3- Quelles énergies ? Comment décarbonner notre économie, notre vie ?
Réduire la liberté de circulation des capitaux et le pouvoir des actionnaires. Prendre toutes les mesures possibles qui vont dans ce sens : produire et consommer local, instituer des taxes kilométriques sur les produits importés, sur les parkings des grandes surfaces... Se retirer des accords de libre-échange et n'en signer aucun supplémentaire !
Orienter l'argent public vers les activités décarbonnées, supprimer les aides aux activités polluantes et non vitales... développer le fret ferroviaire, le cabotage... les productions artisanales et de petite industries qui utilisent les ressources locales pour des clients locaux.
Arrêter la course folle à l'automatisation et à la numérisation de l'économie, déshumanisantes, énergivores et destructrices. Revenir à la low tech adaptée à la relocalisation et plus respectueuse des écosystèmes. Préférer le travail vivant.
Développer les énergies renouvelables dans un cadre de propriété publique : communale, régionale, nationale... sous le contrôle de la population
4- La(les) gratuité(s) comme visée émancipatrice et écologique
Ce qui est gratuit n'a pas de valeur... marchande ! Mais ce qui compte vraiment n'a pas de prix. La gratuité se fonde sur la mise en commun des biens communs ménagés et accessibles à tous. Elle suppose une construction et une gestion démocratiques, appuyées sur les valeurs de partage et de solidarité. Elle repose sur une logique de dé-marchandisation
La gratuité des premiers m3 d'eau, des premiers KW/h pour les besoins de base, payée par le renchérissement du mésusage (gaspillages comme l'eau de la piscine) vise une consommation économe et doit s'accompagner d'une maîtrise publique de la production et de la distribution
La gratuité des bus profite aux plus pauvres qui conquièrent le droit à la mobilité, se voient reconnus en tant qu'Humains ayant des droits, et dispensés, s'ils bénéficient d'une aide, de justifier de leur pauvreté. Elle reconnaît le geste citoyen de ceux qui utilisent les transports en commun et met, à la disposition de touTEs une alternative à la voiture dont le coût financier, sanitaire et écologique n'est pas avancé par les tenants de la logique comptable
La gratuité écologique s'inscrit dans une politique de réduction des inégalités et de sécurité sociale, indispensable pour impulser l'implication citoyenne capable de penser et de mettre en œuvre une alternative respectueuse de la vie sous toutes ses formes.
5- Produire pour vivre en débattant collectivement de ce dont on a besoin
S’appuyer sur les dynamiques locales, et répondre aux besoins de la population, relocaliser les productions et activités, réduire les transports et aménagements logistiques, rendre aux citoyens et travailleurs la maîtrise de leurs productions et assurer la transition écologique : mettre un moratoire sur tous les grands travaux. : agrandissement de l'aéroport de Nice. Canal Seine – Nord- Europe..., en finir avec les productions d'armes, la publicité, certaines industries chimiques (ex : les pesticides).
Pour vendre le superflu et garder le consommateur dans la fièvre acheteuse, le capitalisme lui a soufflé l'injonction d'être heureux... en consommant. La mode, la publicité, les soldes, le coaching, les jeux et loteries, les images le lui rappellent jusqu'à saturation ...Tentations et injonctions mobilisent, aliènent jusqu'à déclencher des comportements pathologiques : achats compulsifs.
L'innovation technologique, potentiellement source de progrès, mais au service du capitalisme débouche sur une high tech vite dépassée qui nous transforme en presse boutons sans véritable progrès : où est le progrès si je peux mettre en route mon four connecté à partir de mon bureau ???A chaque fois qu'on me simplifie la vie, je perds une part de mes capacités de réflexion. Je passe de la réflexion au réflexe... Quelle est l'utilité sociale et écologique du renouvellement incessant des consoles de jeux vidéo, de la robotisation de la traite des vaches, de la course à vitesse et au gigantisme ? Pour gagner toujours plus de temps ? Pour vivre comment ?
Outre la dépendance accrue à l'énergie et à la machine, ce secteur informatique est énergivore. Il est responsable de plus de 4% des émissions de GES (gaz à effets de serre) dans le monde et en expansion exponentielle
1. En France, les Data Centers consomment environ 10% de l’électricité du pays.
2. 58 944 antennes relais sont aujourd’hui installées en France et dans les DOM-TOM.
3. La France produit l’équivalent de 45,72 kg de déchets électriques et électroniques par seconde.
Données 2016
Il est urgent de (se) déconnecter ! Prenons « le temps de vivre, d'être libres ! »
Ensemble 22