A l'inverse, à l'ouest du pays, dans des régions qui ont appartenu jadis à la Pologne ou à l'Autriche-Hongrie, on parle ukrainien et le sentiment identitaire ukrainien y est d'autant plus prononcé qu'il s'accompagne d'un sentiment anti-russe. Pour ces régions, l'adhésion à l'Union européenne est perçue comme un ancrage occidental contre une Russie dont on veut à tout prix s'éloigner.
Ce face-à-face permet de comprendre pourquoi les manifestations de Kiev sont reprises dans l'ouest du pays, alors qu'elles n'ont que peu d'échos à l'est et au sud; il explique aussi pourquoi tous les gouvernements ukrainiens ont eu le souci de maintenir un équilibre entre ces deux camps opposés. Parce qu'il y va de l'existence même de l'Ukraine.
Dans ces conditions, présenter l'actuel président Viktor Ianoukovitch comme un simple « valet de Moscou » est une autre caricature comme le montrent ses choix politiques depuis son élection de 2010.
En outre, prétendre qu'un vote « démocratique » se prononcerait massivement pour le rapprochement de l'Ukraine avec l'Union européenne est peu crédible car les populations russophones n'accepteront jamais d'adhérer à l'Union européenne au prix d'une rupture avec la Russie. Choisir l'Union européenne contre la Russie peut donc conduire à une scission du pays.
« L'Union européenne devrait donc se montrer plus prudente pour éviter de diviser encore plus un pays qui l'est déjà beaucoup et dont l'explosion ne favoriserait sans doute guère ses ambitions démocratiques affichées. », conclut - avec raison - l'auteur de l'article.
A Kiev, le sénateur américain John McCain soutient les opposants au président ukrainien