Titré « l’impressionnante contribution de Cuba contre le virus Ebola » cet éditorial est le second de la campagne que mène le New York Times. Depuis le 11 octobre, son édition dominicale argumente pour la levée du blocus dont il fait un test de légitimité internationale : « le président Obama doit ressentir de l’angoisse devant le lamentable état des relations bilatérales ( ..) Il devrait réfléchir sérieusement sur Cuba où un changement de politique pourrait représenter un grand succès pour son gouvernement ».
Les signes multiples indiquent que l’administration Obama étudie comment infléchir sa politique. Les raisons sont commentées dans les thinks tanks de Floride, les enquêtes d’opinion, les déclarations de la plus puissante organisation patronale du monde : Cuba créée une économie mixte qui attire les investisseurs étrangers ; Au lieu d’isoler l’ïle ce sont les États- Unis qui s’isolent comme le prouve la déclaration commune des états Latino-américains qui ont fait savoir que le sommet des Amériques,( avril 2015 au Panama), n’aurait pas lieu sans Cuba, car il n’y a pas d’Amérique sans Cuba.
Battu aux élections au congrès qui peut seul défaire les lois sur l’embargo, Obama va-t-il décider les réformes qui le videraient de son contenu ? ( retrait de Cuba de la liste des états terroristes, voyages et envois d’argent facilités, investissements autorisés, rétablissement des relations diplomatiques ?) La question est posée.
Le fait manifeste, éclatant demeure. L’embargo a échoué car Cuba a résisté. Au plus long, au plus rigoureux, au plus injuste des blocus qui visait à affamer son peuple après la chute de l’URSS. Aux campagnes de diffamation menées en Europe« au nom des droits de l’homme. » Au même moment, incroyable affront et symbole du rapport de forces de l’époque, l’ile voyait Guantanamo, occupé par l’empire, devenir centre de torture.
Aujourd’hui, Cuba fait la différence, seul pays à envoyer - au nom de l’État et des valeurs qu’il défend - ce dont les pays les plus touchés ont besoin, des médecins, au lieu d’organiser une expédition militaire (les États Unis), de promettre de l’argent qui n’arrive pas (la France). La directrice de l’OMS la cite en exemple. Après le New York Times, du Washington Post en passant par El Pais, Le Monde, le Times, et jusqu’au Wall Street journal de la City, toute la presse a découvert un scoop, la médecine solidaire de Cuba.
Avant l’envoi des missions contre Ebola, les Cubains travaillaient déjà en Sierra Leone et Guinée-Conakry. Comme 50 000 autres « internationalistes » qui soignent les plus pauvres dans 66 pays : au Brésil, au Venezuela, dans les dispensaires, campements et bidonvilles, au fin fond des Mornes d’Haïti, des brousses africaines et jusques dans les montagnes du Pakistan.
Le blocus de l’info se mesure à cette aune : il a fallu un virus et des milliers de morts pour que la vérité éclate. Les bonnes nouvelles sont rares mais celle ci continue à faire les Unes internationales : l’étoile solitaire du drapeau cubain est reconnue comme l’étoile solidaire.
Maïté Pinero
ex correspondante de l’Humanité à La Havane
Source : http://www.legrandsoir.info/cuba-de-l-etoile-solitaire-a-l-etoile-solidaire.html
EMBARRAS A WASHINGTON
Le secrétaire d’État John Kerry a mis quelques jours à saluer « Cuba qui a dépêché cent soixante cinq professionnelles de santé et prévoit d’en envoyer près de trois cent de plus ». En guise de réponse aux offres répétées du gouvernement cubain en vue d’une coordination dans la lutte contre Ebola, le département d’État a répondu en proposant d’aider à l’évacuation des médecins cubains qui seraient infectés. Or, ils seront soignés sur place. Seul signe positif, parmi les représentants de trente deux pays et de l’OMS réunis à Cuba le 29 octobre pour établir la coopération contre le virus, figurait un fonctionnaire du centers for disease control and prévention, l’agence des États-Unis pour la prévention des épidémies. Et on attend toujours de savoir si Obama sera présent en avril 2015 au Panama lors du 17ème sommet des Amériques.