Il est totalement évident maintenant que les leaders de l’UE suivent une voie qui va ouvertement à l’encontre des peuples européens. La stratégie du gouvernement allemand, avec la bénédiction du capital financier spéculatif en Europe, est une stratégie de colonisation de tout le sud de l’Europe, en particulier de la Grèce et de Chypre. Un instrument clé pour la mise en œuvre de cette stratégie est l’extorsion basée sur la dette, la même dette qui dévaste le sud du continent avec les politiques néolibérales d’austérité.
Même si la dette n’aurait pas existé, ils l’auraient inventée dans le but de servir leurs objectifs. La décision de l’Euro Groupe de vendredi dernier met en péril la stabilité du système financier de toute la zone euro. Il s’agit d’une bombe placé dans les bases de la stabilité non seulement du système bancaire à Chypre, mais aussi dans toute l’Europe. Cette décision doit être annulée avant qu’elle ne provoque des dégâts irréversibles.
Le gouvernement grec, avec les déclarations des porte-paroles de Stournaras et Samaras, a apporté son soutien à ces décisions inacceptables. Le gouvernement grec n’a pas hésité à accepter la proposition de coupe dans les dépôts des citoyens chypriotes, créant ainsi un précédent inacceptable pour les pays en risque dans la zone euro. Avec cette décision, le gouvernement grec prend une responsabilité historique, sans même offrir la moindre information au peuple et au Parlement grec. Hier, j’ai demandé par lettre au président du Parlement une session urgente de l’assemblée nationale afin que l’on nous informe sur la position prise par le gouvernement grec vendredi dernier à la réunion de l’Euro Groupe. Malheureusement, cette demande a été refusée avec de fausses excuses.
Mais la question demeure. Le gouvernement grec n’a pas le droit de soutenir, sans l’approbation du Parlement, une décision qui dissous de facto le système financier chypriote et pose d’énormes risques au système financier grec. Je lance un appel urgent au Premier ministre pour qu’il convoque une session extraordinaire du Parlement. Il a non seulement le droit de le faire, mais c’est aussi son devoir.
Selon nos estimations, l’objectif ultime de la décision politique de l’Euro Groupe n’est pas le sauvetage de l’économie chypriote, mais bien d’imposer un régime de domination économique absolue sur Chypre, qui est une région géopolitique ayant une valeur particulière. Il semble évident que l’objectif consiste à garantir de manière anticipée l’accès aux ressources énergétiques du pays, y compris les hydrocarbures. Et le gouvernement grec a une grande responsabilité dans le fait que la décision a été acceptée dans l’Euro Groupe. Le Premier ministre grec a enchaîné le pays au char du mémorandum de madame Merkel, en ruinant tous les avantages obtenus dans les négociations qui ont suivies les élections grecques et en rompant toutes promesses faites de renégociation. Et maintenant, il accepte et se fait même le complice de la nouvelle colonisation de la république chypriote. Il ignore une fois de plus et dévalue la nécessaire politique étrangère multidimensionnelle et le rôle que doivent jouer l’intervention des organisations populaires et la population dans l’évolution de la Grèce et de Chypre.
Mais il existe des limites à la tolérance et à la patience des gens. Nous demandons au gouvernement, même si c’est de manière rétrospective, de ne pas valider la décision qui signifie la colonisation de Chypre et la dissolution de son économie. Et nous appelons à un sommet extraordinaire de l’UE afin d’indiquer clairement que la partie grecque n’accepte pas cette option.
La décision du Parlement chypriote ne détermine pas seulement l’avenir de Chypre, mais aussi, probablement, celui de la zone euro toute entière. Le NON fier adressé par le Parlement chypriote aux plans de dissolution du pays est, en même temps, le NON de tous les peuples européens adressé à la voie sans issue autodestructrice pour l’Europe. Il démontre en même temps que, même dans les moments les plus difficiles, il y a de l’espace pour la résistance et la négociation.
Ceux qui pensent que l’on peut exercer constamment un chantage et jouer avec le feu doivent maintenant considérer leurs responsabilités. Et surtout se rendre compte que, mis à part les gouvernements qu’ils contrôlent, comme le grec et les gouvernements pro-mémorandums, il y a des gens qui ne vont pas se rendre sans lutter. Les peuples d’Europe n’ont pas encore dit leur dernier mot. Les peuples grec et chypriote doivent commencer une contre-attaque totale des peuples d’Europe contre les plans destructeurs des leaders de l’UE, en ouvrant ainsi la voie à la construction d’une autre Europe, l’Europe de la solidarité, de la démocratie et de la cohésion sociale.
Le collectif pour un audit citoyen de la dette publique lance un appel à mobilisation «La Grèce, une chance pour l’Europe», signé par de nombreuses personnalités, des responsables nationaux d’organisations syndicales et associatives, et soutenu par des responsables politiques issus de toute la gauche. Cet appel dénonce le discours de discorde entre les peuples européens porté par les institutions européennes qui accusent des «Grecs irresponsables» et menacent de les exclure de la zone euro. Il rappelle que les audits citoyens de la dette publique en cours dans plusieurs pays européens (dont la Grèce et la France) démontent les discours mensongers sur l’orgie de dépenses publiques qui aurait soi-disant provoqué la flambée des dettes. Il demande instamment à François Hollande de s’opposer à l’étranglement financier de la Grèce et de la démocratie en Europe ; et conclut sur un appel à mobilisation pour la semaine d’action européenne contre l’austérité et en soutien au peuple grec, organisée par les mouvements sociaux européens du 20 au 26 juin dans toute l’Europe.
Alors que va s’ouvrir la campagne des élections législatives anticipées en Grèce, les marchés financiers et les dirigeants politiques européens, inquiets d’une possible victoire de Syriza, commencent à intensifier leur chantage sur le peuple grec. Les taux d’intérêt sur la dette grecque grimpent à nouveau, manifestant la défiance des banquiers face au programme anti-austérité de Syriza. Jean-Claude Juncker, président de la Commission, a déclaré sa « préférence de voir des visages familiers » après les élections, soutenant ouvertement Antonis Samaras, actuel premier ministre, co-auteur avec la Troïka d’une politique de dévastation de la Grèce. Le commissaire européen Pierre Moscovici a lui aussi été dépêché à Athènes pour soutenir les « réformes structurelles » qui ont appauvri le peuple et détruit ses droits sociaux fondamentaux. Il s’est permis d’intervenir dans le débat électoral grec en avertissant que « l’idée d’envisager de ne pas rembourser une dette énorme est suicidaire ». Déjà lors des élections législatives grecques en 2012, François Hollande avait pesé en faveur de la droite par une intervention très remarquée à la télévision grecque