Nous avons tout fait pour trouver une solution : exploré les possibilités de relogement privé, démarché tous les services sociaux et administratifs à tous les niveaux. Mais cette incapacité passagère a régler ce problème ne signifie pas résignation.
Nous constatons qu’en jetant des familles avec enfants (certains de moins de 3 ans) à la rue, l’État ne respecte pas les textes de protection de l’enfance que la France a pourtant signé. Nous dénonçons des grilles et cadres législatifs et administratifs qui ne laissent aucune place à des considérations relevant des plus élémentaires notions de civilisation : on ne jette tout simplement pas à la rue des familles avec des enfants, dans notre pays.
L’État, les diverses instances administratives et politiques considèrent peut-être que cette pratique est justifiée, qu’elle fait du sens, qu’elle est raisonnable. Mais nous, associations et collectifs de citoyens, considérons qu’il s’agit là d’un acte de trahison des fondements du vivre-ensemble qui caractérise notre pays.
Nous nous sommes mobilisés depuis des années pour humaniser l’accueil des migrants, et suppléer, de fait, à la dureté des conditions qui leur sont faites par les instances officielles. Nous les avons guidés dans le maquis des formulaires et démarches administratives, aidés à surmonter les incohérences des structures d’accueil, nous leur avons cherché et trouvé des logements, recueillis parfois dans nos propres foyers, distribué des aides d’urgence en espèces et en nature (plus de 12.000 euros de nos propres poches, des dons reçus, des recettes de vide-greniers etc.… pour le seul CSSP en 2018). Bref, nous avons assumé, en tant que membres de la société civile, une part du devoir de décence et de solidarité qui constituent les bases de la civilisation.
Aujourd’hui, nous atteignons les limites de ce que nous pouvons faire.
Fatigués de jouer le rôle de supplétifs d’une politique que nous considérons comme honteuse, nous faisons appel à la société civile et l’opinion publique pour qu’elles s’opposent aux actes d’inhumanité qui sont sur le point d’être commis – discrètement, en plein mois d’août.
Texte signé le 12 août par le CSSP (Comité de Soutien aux Sans Papiers Trégor-Goelo), des associations et organisations politiques